Plan antitabac : vers une génération de non-fumeurs
Le Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes y croit fermement. À l’orée des années 2030, la France engendrera sa première génération de non-fumeurs. L’objectif est relevé. Le plan de bataille se déploie sur trois terrains : éviter aux jeunes d’entrer dans le tabagisme, aider les fumeurs à arrêter de fumer en mettant un terme à leur addiction, et agir sur l’économie du tabac. Marisol Touraine en tête, le gouvernement redouble d’initiatives pour donner corps à son ambition. C’est le Programme national de réduction du tabagisme (PNRT).
Réduire de 10 % le nombre de fumeurs dans les cinq ans à venir, passer sous la barre des 20 % de fumeurs français d’ici 2025, telles sont les premières balises de la nouvelle campagne anti-tabac. Pour les atteindre, une série de mesures a été dressée. Elles seront intégrées par amendement au projet de loi de santé en 2015.
Les mesures de protection de la jeunesse
Elles sont multiples et visent à réduire à la fois l’aspect attractif de la cigarette ainsi que l’exposition des plus jeunes au tabac. Ainsi, l’adoption des paquets « neutres » va dans le sens d’une limitation du marketing destiné à séduire de nouveaux consommateurs. Les paquets auront un format et des couleurs standards avec pour seul type d’illustration des avertissements sanitaires.
Les arômes permettant d’améliorer le goût de la fumée de tabac seront interdits. Les contrôles d’interdiction de vente aux mineurs seront renforcés.
Autre mesure appliquée : l’interdiction de fumer au volant pour les personnes ayant un enfant de moins de 12 ans à bord.
L’espace public sera également exposé à de nouveaux aménagements : les aires de jeux pour enfants seront transformées en zones non-fumeurs. L’intention du gouvernement est de débanaliser la consommation de cigarettes aux yeux de la jeunesse.
L’usage de l’e-cigarette sera banni de certains lieux publics (écoles, transports collectifs, espaces clos collectifs de travail). Quant à sa publicité, son encadrement sera limité jusqu’à l’officialisation de son interdiction en 2016.
L’aide aux fumeurs
Elle repose d’abord sur une campagne d’information-choc, laquelle a déjà commencé avec la diffusion de messages vidéo (« Le tabac tue un fumeur sur deux »).
Aussi, les médecins traitants verront leur rôle renforcé dans la lutte contre le tabagisme, notamment dans le domaine de la sensibilisation, du repérage et de la prise en charge des fumeurs.
L’une des mesures phares de ce programme concerne le remboursement du sevrage tabagique, dont le montant sera multiplié par trois pour les jeunes de 20 à 30 ans, les bénéficiaires de la CMU et les patients atteints d’un cancer. Ces personnes pourront donc bénéficier d’un remboursement de 150 euros par an sur leurs substituts nicotiniques, au lieu de 50 euros.
L’action contre l’économie du tabac
Bien évidemment, la lutte contre le commerce illicite s’intégrera au programme. En 2009, l’Office européen de lutte antifraude estimait les pertes fiscales de l’Europe à 10 milliards d’euros par an. Contrefaçon, contrebande et marques illégales seront soumises à une surveillance accrue.
En outre, l’accent sera mis sur la transparence concernant les activités de lobbying des acteurs de l’industrie du tabac, cela afin de permettre au public d’avoir connaissance des relations qu’entretiennent les entreprises avec le secteur de la santé. Enfin, une autre intention majeure du gouvernement est de créer un fonds dédié aux actions de lutte contre le tabagisme pour financer les secteurs de l’information, de la prévention et de la prise en charge du sevrage tabagique. L’une des idées directrices de ce plan est d’impliquer l’industrie du tabac dans le financement de ce fonds.