Une consommation excessive qui fait perdre pied
L’alcool : ce faux ami
Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, environ 10 % des adultes sont en difficultés avec l’alcool, principalement entre 25 et 64 ans. Bien que sa consommation affiche un net recul en France depuis les quarante dernières années, ses dégâts sur la santé persistent. La redoutable action de cette substance psychotrope sur le cerveau entraîne une dépendance physique et psychique contre laquelle il est très complexe de lutter efficacement. Boire est une nécessité vitale. Boire de l’alcool, en revanche, nécessite modération.
Deux visages de l’alcoolisme
L’alcoolisme est un phénomène insidieux dans lequel on peut distinguer deux niveaux de dépendance. Le premier est celui de l’intoxication alcoolique aiguë. Il s’étale sur une durée limitée, et s’exprime plus spécifiquement à la lumière des soirées entre amis, des sorties. Sa dimension sociale lui donne les caractéristiques d’une dépendance psychique : boire est synonyme de fête et d’euphorie. Pour autant, ce caractère momentané recouvre des modifications comportementales allant de la simple perte d’inhibition à l’ivresse pathologique, prenant racine dans une fragilité psychologique. Les stades ultimes de l’intoxication aiguë sont le coma éthylique, nécessitant une intervention médicale urgente, et le décès, en cas de non-prise en charge.
L’intoxication alcoolique chronique concerne les personnes consommant quotidiennement des quantités supérieures ou égales à 60 grammes d’alcool (équivalent d’environ un litre de vin à 10 %). Outre ses effets néfastes sur la santé et la vie sociale, l’alcoolisme chronique est responsable de maladies qui lui sont exclusives, comme la cirrhose alcoolique ou le syndrome de Korsakoff (trouble neurologique).
L’alcool : une drogue qui s’attaque à l’ensemble de l’organisme
Effets de la dépendance à l’alcool sur le cerveau
En neurophysiologie, les études ont démontré que la plupart des drogues concentraient leur action sur un certain type de récepteur neuronal. Dans le cas de l’alcool, l’éthanol affecte la majorité du système de transmission cérébrale.
Sa diffusion dans le corps, et donc jusqu’au cerveau, résulte de son assimilation très rapide. Constitué de molécules liposolubles et hydrosolubles, l’alcool n’a pas besoin d’enzymes de digestion pour être transformé. Ce passage dans le sang s’effectue par le biais des muqueuses buccales, de l’œsophage, de l’estomac et des intestins. L’acheminement du sang vers le cerveau est responsable de la perturbation du métabolisme des neurotransmetteurs. À long terme, les effets de l’alcool sont tels qu’ils atrophient le cortex cérébral.
Effets de l’alcoolodépendance sur le corps
Responsable de 95 % du travail d’élimination de l’éthanol, le foie est la cible n° 1 de l’alcool. La cirrhose hépatique cause 10 000 à 15 000 décès par an. Mais l’alcool ne s’arrête pas à cet organe. L’alcoolisme accentue les risques de problèmes cardio-vasculaires, il favorise les gastrites, les troubles intestinaux, l’impuissance, les varices œsophagiennes et attaque le système nerveux. Surtout, il augmente l’incidence de nombreux cancers comme le cancer du foie, colorectal, du pancréas, du sein et des voies aérodigestives.
Une addiction qui multiplie les troubles comportementaux
L’alcoolisme entraîne une vaste série de complications sur le psychisme et le comportement. Ces derniers vont du trouble anxieux aux hallucinations, à la désorientation et à la confusion mentale. Il perturbe le sommeil et s’accompagne d’autres dépendances (tabac, cannabis, drogue). Le syndrome de manque le plus sévère, vécu en période de sevrage non contrôlé médicalement, est désigné généralement par delirium tremens. Dû à une hyperstimulation nerveuse, il se traduit par des tremblements avec désorientation, convulsions, sueurs et tachycardie. Son risque vital est faible, mais non négligeable.
Les répercussions sociales de l’alcoolodépendance ne sont pas des moindres : lorsque la dépendance supplante tout autre désir, la personne sombre dans des difficultés d’ordre relationnel, professionnel, voire économique. Enfin, l’alcoolisme constitue la première cause de mortalité de la circulation routière.
Quelle prise en charge pour les alcooliques ?
Un suivi médical et psychologique est incontournable. Le traitement médicamenteux, s’il est envisagé, ne peut être isolé d’une prise en charge de la personne pour l’accompagner dans sa gestion de l’environnement social et professionnel. Le processus de sevrage est long et comporte des risques de rechute. Il doit s’inscrire dans un travail en réseau avec médecin, psychologue et partenaires sociaux. L’anxiété et les états dépressifs liés à l’alcoolisme peuvent en outre être soulagés par des thérapies comportementales et cognitives comme l’hypnose. L’aide apportée par cette approche relaxante joue notamment un rôle prépondérant dans le renforcement de la décision de lutter contre l’envie de boire.